mardi 29 septembre 2009

Platon : Le mythe d’Er, L’invention de l’enfer…


Platon : Le mythe d’Er, L’invention de l’enfer…

La République, Livre X.

Lorsque que l’on ne peut convaincre par la raison, reste toujours la peur.
Platon avait bien compris cela, lui qui termina la description de sa République, en inventant l’enfer.
Sa terrible invention a beaucoup servi ensuite…

En voici un extrait :

"(613e) En ce qui concerne en effet, repris-je, ce que le juste, pendant sa vie, de la part des dieux et aussi des hommes, obtient en matière de prix et aussi de salaires et de dons, à côté de ces biens mêmes que la justice elle-même lui procurait, ainsi se pourrait-il qu'il en soit.

Et ils sont, dit-il, fort beaux et solides.

Eh bien ceux-ci, repris-je, ne sont rien, ni par la quantité ni par la grandeur par rapport à ceux qui attendent chacun des deux (le juste et l'injuste) une fois morts ; et il faut entendre cela, pour que chacun des deux d'entre eux ait reçu parfaitement en retour ce qu'on doit entendre sous la conduite du logos.

Tu devrais bien le dire, dit-il, car il n'y a pas grand choses de plus agréable à entendre.


Mais ce n'est certes pas, repris-je, un conte à Alkinoos que je vais te faire, mais bien celui d'un vaillant homme, Er, fils d'Arménios, de la race des Pamphyliens ; après que jadis il eut été tué au combat, parmi les morts qu'on enlevait au bout de dix jours déjà putréfiés, il fut tout d'abord enlevé en bon état, puis, transporté chez lui, alors qu'on s'apprêtait à lui rendre les honneurs funèbres, au douzième jour, étendu sur le feu, il revint à la vie, et, revenu à la vie, raconta ce qu'il aurait vu là-bas. Il dit alors qu'après être sortie de lui, son âme avait marché parmi beaucoup d'autres et qu'elles étaient arrivées en un certain lieu quasi divin, où il y avait en outre dans la terre deux ouvertures béantes voisines l'une de l'autre et pareillement dans le ciel au dessus mais en direction opposée. Et des juges siégeaient entre elles, qui, après avoir rendu leur jugement, ordonnaient d'une part aux justes de marcher vers la droite et vers le haut à travers le ciel, leur attachant sur le devant un signe de la manière dont ils avaient été jugés, d'autre part aux injustes (de marcher) vers la gauche et vers le bas, ceux-là ayant derrière eux un signe de tout ce qu'ils avaient fait. Lors donc que lui-même s'avance, on lui dit qu'il lui faudrait devenir messager aux hommes des choses de (ce monde-) là et ils lui recommandent d'écouter et d'observer tout ce qui se passe en ce lieu. Il vit donc en cette place d'une part, à travers l'une des deux ouvertures béantes du ciel et de la terre, s'en aller les âmes, après que celles-ci aient été jugées, d'autre part à travers l'autre, de l'une d'une part en monter de la terre, pleines de crasse et de poussière, de l'autre d'autre part, en descendre d'autres du ciel, pures. Et celles qui arrivaient continuellement paraissaient venir comme d'un grand voyage, et, revenant joyeuses vers la prairie, posaient leurs tentes comme dans une assemblée de fête, et se saluaient en outre mutuellement pour autant qu'elles se connaissaient, et celles qui venaient de la terre s'informaient en outre auprès des autres des choses de là-bas et celles qui venaient du ciel auprès des premières, et elles se racontaient les unes aux autres en détail, les unes en se lamentant et en pleurant en s'en ressouvenant, combien de choses et lesquelles elles auraient subi et vu durant leur voyage sous terre --or ce voyage est de mille ans--, et les autres au contraire qui venaient du ciel racontaient des jouissances et des spectacles inimaginables de beauté. Assurément, ces nombreuses histoires, Ô Glaucon, prendraient beaucoup de temps à raconter ; mais il dit que le point capital en étaient ceci : quelque nombreuses que puissent être les injustices qu'elles avaient commises et les victimes de chacune, pour toutes sans exception, elles subissaient une peine tour à tour, pour chacune dix fois autant --ceci étant donc une période de cent ans pour chacune, de façon à être pareille à une vie humaine--, afin qu'elles subissent un châtiment décuple de l'injustice, et si par exemple certaines étaient responsables de beaucoup de morts, pour avoir livré par trahison soit des cités, soit des armées dans leurs campements, et les avoir jetées en esclavage, ou coresponsables de quelque autre mauvais traitement, elles gagnaient pour chacun des souffrances décuples de toutes celles-ci, et par contre si certaines avaient fait de bonnes actions et étaient devenus justes et pieuses, selon les mêmes principes, elles gagnaient leur récompense. Sur ceux qui avaient passé tout de suite et avaient vécu peu de temps, il disait d'autres choses non dignes de mémoire. Envers l'impiété et la piété à l'égard des dieux et des ancêtres et le meurtre commis de sa propre main, il racontait que les salaires étaient encore plus grands.

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