samedi 23 mars 2013

Friedrich Nietzsche : Par-delà le bien et le mal

Lisez bien attentivement ce texte, extrait du premier chapitre de "Par-delà le bien et le mal". Il est selon moi, essentiel.





" Nous ne voyons pas dans la fausseté d'un jugement une objection contre ce jugement ; c'est là, peut-être, que notre nouveau langage paraîtra le plus déroutant. La question est de savoir dans quelle mesure un jugement est apte à promouvoir la vie, à la conserver, à conserver l'espèce, voire à l'améliorer, et nous sommes enclins à poser en principe que les jugements les plus faux sont les plus indispensables à notre espèce, que l'homme ne pourrait pas vivre sans se rallier aux fictions de la logique, sans rapporter la réalité au monde purement imaginaire de l'absolu et de l'identique, sans fausser continuellement le monde en y introduisant le nombre. Car renoncer aux jugements faux serait renoncer à la vie même, équivaudrait à nier la vie. Reconnaître la non-vérité comme la condition de la vie, voilà certes une dangereuse façon de s'opposer au sens des valeurs qui a généralement cours, et une philosophie qui prend ce risque se situe déjà, du même coup, par-delà bien et mal. "


Par-delà le bien et le mal (1886), I, 4,



P. S. :
Je pense souvent à ce texte, lorsque je réfléchis à certaines prises de positions de scientifiques, plus particulièrement lorsqu'il s'agit de mathématiciens, qui croient pouvoir tout comprendre et prévoir avec des modèles mathématiques, que ce soient, les hommes, les marchés financiers, ou le climat. Je trouve cela d'une exquise naïveté.

Voir par exemple cet article sur Transitio : Watzlawick, Nietzsche et la modélisation des systèmes…
Et cet autre, toujours sur Transitio : Les hérétiques sauvés par le CO2, petite réflexion sur la science et les scientifiques




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