jeudi 13 mai 2021

Haruki Murakami, 1Q84, "La ville des chats"


    Je ne m'attendais pas à éprouver de nouveau l'envie de parler d'un roman dans ce blog-notes et encore moins celle d'écrire un nouvel article.

    A présent, le plus souvent, les romans m'ennuient. Mais le livre de Haruki Murakami "1Q84" constitue une exception. C'est un livre monde, ou plutôt un univers. L'histoire est aussi étrange que passionnante. Il y a dans le second tome, cette parabole de la ville des chats, qui me trouble énormément.

    Combien d'entre nous finissent prisonniers d'une semblable ville ? Combien se sont perdus ?

    L'auteur lui-même semble s'être égaré dans cette ville des chats, dans le troisième volume.

    En lisant cette parabole, chaque lecteur ne comprendra, comme il est d'usage, que ce qui lui ressemble. Nombre d'entre-nous ont déjà aperçu ou même peut-être visité cette ville des chats.

    Tandis que je rédige ce billet, je pense aux scénarios de vies, sortes de boucles temporelles dans lesquelles parfois nous nous enfermons, reproduisant sans cesse, les mêmes types de relations, de vies et d'échecs, comme dans un jour sans fin.


Et vous, qu'allez-vous trouver en visitant cette ville des chats décrite par Murakami ?

Voici l'extrait :

"Lorsque le train quitta la garde de Tokyo, Tengo sortit le livre de son sac. C'était une anthologie de nouvelles sur les thèmes du voyage, et comprenait un récit appelé « Town of cats », un écrit fantastique écrit pat un allemand que Tengo ne connaissait pas. Selon la préface, l’histoire avait été écrite entre les deux guerres mondiales.

Dans cette histoire, un jeune homme voyage seul, sans destination précise en tête. Il monte dans le train et descend à chaque arrêt qui éveille son intérêt. Il prend une chambre, voit les sites, et reste aussi longtemps qu’il a envie. Quand il en a eu assez, il prend un autre train. Et passe toutes les vacances de cette façon.

Un jour, il voit de la fenêtre du train une belle rivière. De vertes collines bordent le ruisseau sinueux, et plus loin se trouve une jolie petite ville avec un vieux pont en pierre. Le train s’arrête à la gare, et le jeune homme y descend avec son sac. Personne d’autre ne descend, et, dès qu’il pose le pied sur le quai, le train repart.

Aucun travailleur dans cette gare, qui ne doit avoir que peu d’activité. Le jeune homme traverse le pont et se promène dans la ville. Tous les magasins sont fermés, la ville est complètement désertée. Il n’y a personne à la réception de l’hôtel. La zone semble complètement désertée. Peut-être que tout le monde fait la sieste. Mais il n’est que dix heures trente du matin, beaucoup trop tôt. Peut-être que pour une raison particulière tout le monde à abandonner la ville. De toute façon, le prochain train ne passerait pas avant le lendemain matin, aussi il n’avait pas d’autres choix que de passer la nuit ici. Il partit à la découverte de la ville pour tuer le temps.

En fait, il se trouve dans la ville des chats. Quand le soleil commence à décliner, de nombreux chats viennent se balader près du pont – Les chats sont tous différents de type et de couleur. Ils sont beaucoup plus grands que des chats ordinaires, mais ce sont quand même des chats. Le jeune homme est intrigué par cette ville. Il se précipite dans la tour de l’église dans le centre de la ville et grimpe au sommet pour se cacher. Les chats continuent leurs affaires, à lever les volets des magasins ou s’asseoir à leur bureau pour démarrer leur journée de travail. Bientôt, d’autres chats arrivent, ils traversent le pont comme les premiers. Puis entrent dans les magasins pour acheter des choses ou vont à l’hôtel de ville pour traiter des questions administratives ou manger un repas au restaurant de l’hôtel ou boire de la bière à la taverne et chanter des chansons. Parce que les chats peuvent voir dans l’obscurité, ils n’ont presque pas besoin de lumières, mais cette nuit la lueur de la pleine lune inonde la ville, ce qui permet au jeune homme de voir tous les détails cachés de son perchoir dans le clocher. Lorsque l’aube approche, les chats terminent leur travail, ferment les magasins, et quittent la ville retraversant le pont.

Au moment où le soleil se lève, les chats ont disparu, et la ville est de nouveau déserte. Le jeune homme descend, prend un des lits à l’hôtel, et va dormir. Quand il eut faim, il mangea du pain et du poisson qui avaient été laissés dans la cuisine de l’hôtel. Quand en fin de journée, l’obscurité revint, il se cacha dans la tour à nouveau et observa les activités des chats jusqu’à l’aube. Les trains arrêtaient à la gare avant midi et en fin d’après-midi. Aucun voyageur visible, et personne sur le quai, soit. Pourtant, les trains s’arrêtent à la gare pendant exactement une minute, puis repartent. Il pourrait prendre un de ces trains et quitter la ville de chat en se cachant. Mais il ne le fait pas. Jeune, il a une curiosité grandissante et, est prêt à l’aventure. Il veut apprendre plus de cet étrange spectacle. Il souhaiterait savoir quand et comment cet endroit est devenu une ville de chats.

Durant la troisième nuit, un remue-ménage éclata sur la place juste en dessous de l’église. « Hé, est-ce que vous ne sentez pas quelque chose d’humain ? » Dit l’un des chats. « Maintenant que vous le dites, je sentais qu’il y avait une drôle d’odeur ces derniers jours », un autre renifla. « Moi aussi, »   dit un autre chat dit. « C’est bizarre. Il ne devrait pas y avoir d’homme ici, « ajouta un autre chat. « Non bien sûr que non. Il n’y a aucun moyen pour un humain d’entrer dans cette ville de chats. », « Mais cette odeur est bien présente.  »

Les chats formèrent des groupes et commencèrent à chercher dans la ville. Il leur fallu très peu de temps pour découvrir que la source de l’odeur provenait du clocher. Le jeune homme entendit leurs pattes délicates dans les escaliers. « Ça y est, ils vont me trouver ! » pensa-t-il. Son odeur semblait avoir suscité la colère des chats. Les humains ne sont pas censés mettre les pieds dans cette ville. Les chats avaient de grandes griffes acérées et des crocs blancs. Il ne semblait avoir aucune idée du terrible sort qui l’attendait s'il était découvert, mais il était certain qu’ils ne le laisseraient pas quitter la ville vivant.

Trois chats grimpent au sommet du clocher et reniflèrent l’air. « Etrange », dit un chat, faisant vibrer ses moustaches, « Je sens un être humain, mais il n’y a personne ici. »

« C’est étrange », dit un deuxième chat. « Mais il n’y a vraiment personne ici. Allons chercher ailleurs « Les chats se grattent leurs têtes, perplexes, puis redescendirent les escaliers. Le jeune homme entendit leurs pas se fondre dans l’obscurité de la nuit. Il poussa un soupir de soulagement, mais il ne comprenait pas ce que venait de se passer. Il leur était impossible de le manquer. Mais pour une raison étrange ils ne le virent pas. Dans tous les cas, il décide que le matin venu, il irait à la gare et prendrait le train pour quitter cette ville. Sa chance ne peut pas durer éternellement.

Le lendemain matin, cependant, le train ne s’arrêta pas à la gare. Il regarda la locomotive passer sans même ralentir. Le train de l’après-midi fit la même chose. Il put voir le chauffeur assis aux commandes. Mais le train ne montra aucun signe de vouloir s’arrêter. C’était un peu comme si personne ne pouvait voir le jeune homme attendre le train ou même remarquer la gare. Une fois que le train de l’après-midi eut disparu au loin, l’endroit redevient plus calme que jamais. Le soleil commençait à se coucher. Il est temps pour les chats de revenir. Le jeune homme sut qu’il était maintenant complètement perdu. Il réalisa finalement que ce n’était pas la ville des chats. Il se trouve dans ce lieu perdu ou son destin l’a amené. C’est un autre monde, qui a été fabriqué spécialement pour lui. Et jamais, un train ne s’arrêtera à cette gare pour enfin le ramener dans le monde, d’où il est venu.

Tengo lu deux fois l’histoire. La phrase « l’endroit où il semblait être perdu » attira son attention. Il ferma le livre et laissa ses yeux errer vers le complexe industriel qui passait par la fenêtre du train. Peu de temps après, il s’endormit pour une courte mais profonde sieste. Il se réveilla couvert de sueur. Le train se déplaçait le long de la côte sud de la péninsule de Boso en plein été."

Source : https://nounours36.wordpress.com/2016/04/16/town-of-cats-la-ville-des-chats-part-1-de-murakami/ 

 

Et vous, dans quelle ville des chats vous êtes-vous perdu ou perdue ? 


Après avoir lu l'étrange 1Q84, j'ai entrepris de lire tous les livres de Murakami...


Voici deux liens intéressants :



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