lundi 28 septembre 2009

Pline l’Ancien : Histoire naturelle, Propos sur la mort…


Pline l’Ancien : Histoire naturelle, Propos sur la mort… 
(Livre VII. L’homme)

Dans cet extrait Pline nous explique que le dernier jour de la vie est le même qu’avant le premier…




188. Après la sépulture viennent les différentes questions sur les mânes. Pour nous tous, l’état après le dernier jour est le même qu’avant le premier. Après la mort le corps et l’âme n’ont pas plus de sentiment qu’avant la naissance. C’est en effet la même vanité qui nous porte à éterniser notre mémoire, et qui nous fait imaginer au-delà du tombeau le mensonge d’une vie. Tantôt c’est l’immortalité de l’âme, tantôt c’est la métempsychose ; d’autres fois on accorde du sentiment aux ombres des enfers ; on honore les mânes et on fait un dieu de celui qui a cessé d’être un homme, comme si la manière de respirer de l’homme différait en rien de celle des autres animaux ! comme si l’on ne trouvait pas dans le monde beaucoup d’êtres plus durables, auxquels personne ne suppose une pareille immortalité !

189. Mais quelle sera la substance de l’âme ainsi isolée ? quelle en sera la matière ? où sera sa pensée ? comment verra-t-elle, entendra-t-elle, touchera-t-elle ? Quel usage fera-t-elle de ces fonctions, ou quel bien y a-t-il sans elles ? Et puis, quel serait le séjour, quelle serait la multitude de ces âmes, de ces ombres depuis tant de siècles ? Ce sont là des illusions puériles, des rêves de l’humanité, avide de ne finir jamais. Et puis c’est une vanité comparable que de vouloir conserver les corps humains et promettre de revivre, comme le fit Démocrite, qui lui-même n’est pas revenu à la vie.

190. Quelle malheureuse folie est ce là, de vouloir recommencer la vie après la mort. Quel repos trouveront jamais les êtres engendrés, s’ils conservent du sentiment, âmes dans le ciel, ombres dans les enfers ? Ces illusions et cette crédulité détruisent le principal bienfait de la nature, la mort, et elles doublent la peine de celui qui va mourir, en lui faisant attacher du prix à une vie future. S’il est doux de vivre, à qui peut-il être doux d’avoir vécu ? Mais combien n’est-il pas plus facile et plus certain de nous croire nous-mêmes, et d’appuyer notre tranquillité sur l’expérience de ce que nous avons été avant notre naissance ?

Vous retrouverez l'intégralité du livre, ici : http://remacle.org/bloodwolf/erudits/plineancien/index.htm

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